Mon but en achetant une chambre 4X5 Intrepid était de franchir un seuil, celui du grand format. Longtemps, j’ai hésité. Car je ne scanne pas mes négatifs, je les tire directement en chambre noire. Il me fallait donc un système qui puisse aussi servir d’agrandisseur. Une fois cette solution trouvée, j’ai sauté le pas.
Il m’a fallu une petite dose d’imagination et de bricolage pour monter ma chambre comme un agrandisseur. Ce détournement me permet aujourd’hui de réaliser un cycle complet, photographier et restituer l’image sur papier avec le même appareil en passant par le même objectif.
Ce qui me plaît dans cette démarche, c’est l’idée d’un aller-retour. La lumière traverse l’objectif pour impressionner le négatif, puis revient par ce même chemin pour venir révéler les grains d’argent de la feuille de papier. Cette continuité me fascine. Elle donne au geste photographique une cohérence, presque circulaire, où la prise de vue et le tirage ne sont plus deux étapes séparées mais les deux faces d’un même acte.
Entrer dans le grand format, c’est aussi accepter une autre temporalité. Chaque image demande du temps, de la préparation, de la patience. Mais en retour, elle offre une intensité et une présence que je ne retrouve nulle part ailleurs. Le négatif 4×5 inch, par sa taille, permet une richesse de détails et une profondeur de ton qui se révèlent pleinement au moment du tirage.
Ce projet, je le portais depuis longtemps. Aujourd’hui, il prend forme dans mon atelier, et chaque tirage devient une expérience complète, de la lumière qui traverse l’objectif jusqu’au papier qui garde la trace. C’est une manière de renouer avec l’essence même de la photographie argentique, où chaque étape est tangible, artisanale, et profondément liée à la matière.























